Chaque année, les Français produisent des millions de tonnes de déchets verts, dont une part importante est constituée d'herbe. Au lieu de les jeter, vous pouvez transformer ces déchets en un fertilisant naturel de grande qualité grâce au compostage. Ce processus écologique permet de réduire votre empreinte carbone, d'enrichir votre sol et de favoriser une croissance saine de vos plantes. Découvrez nos techniques efficaces pour composter l'herbe de votre jardin.
Le compostage, méthode ancestrale de valorisation des déchets organiques, offre de nombreux avantages: diminution des déchets envoyés en décharge, réduction des émissions de méthane (un puissant gaz à effet de serre), création d'un amendement organique riche en nutriments pour vos plantations, et amélioration de la structure et de la fertilité de votre sol. Ce guide détaillé se concentre sur le compostage de l'herbe, en expliquant ses spécificités et en proposant des solutions pratiques et innovantes.
Compostage d'herbe : spécificités et défis
L'herbe, riche en azote (environ 4% de sa matière sèche) et en eau (jusqu'à 80%), possède un rapport carbone/azote (C/N) généralement bas, se situant entre 15 et 25. Ce faible rapport C/N par rapport aux autres matières brunes (feuilles, branches…) rend son compostage plus complexe. Un rapport C/N trop faible peut entrainer une fermentation anaérobie, responsable de la production de mauvaises odeurs et d'une décomposition incomplète. En effet, un excès d'azote peut inhiber la croissance des micro-organismes décomposeurs.
Le principal défi du compostage de l'herbe réside dans sa haute teneur en humidité et sa tendance à se compacter, ce qui limite la circulation de l’air et freine la décomposition aérobie. Le compactage empêche une bonne aération, entraînant des problèmes d'odeurs, le développement de moisissures et une décomposition imparfaite. De plus, une mauvaise gestion peut conduire à la prolifération de pathogènes. Le type d'herbe influe également sur le processus. Une herbe issue d'un gazon riche en fétuque aura un comportement différent de celui d'un ray-grass, influençant le temps de compostage et la qualité du produit final.
Par exemple, un gazon tondu finement, riche en azote, nécessitera plus de matières brunes (feuilles sèches, paille, copeaux de bois) pour équilibrer le rapport C/N, comparativement à une herbe plus sèche et plus fibreuse. Un excès d'herbe sans compensation suffisante de matières carbonées peut conduire à un compost de qualité inférieure, voire à une mauvaise odeur. Il est donc primordial d’adapter sa stratégie de compostage en fonction de la nature de l’herbe.
Techniques de compostage efficaces pour l'herbe
Compostage en tas : la méthode traditionnelle
Le compostage en tas est une méthode simple et efficace, particulièrement adaptée aux grands volumes d'herbe. La technique du tas stratifié est la plus recommandée. Elle consiste à alterner des couches d'herbe fraîchement coupée (matière verte) avec des couches de matières brunes riches en carbone, comme des feuilles mortes (rapport C/N élevé, environ 60), de la paille (rapport C/N autour de 100), ou des copeaux de bois (rapport C/N variant selon l'essence). Ce procédé assure un équilibre optimal du rapport C/N et une meilleure aération.
Pour un mètre cube de compost, visez un ratio d'environ 2/3 de matières vertes pour 1/3 de matières brunes. L'ajout de matières brunes est crucial pour l’aération. Un tas bien construit doit avoir une base large et s’affiner vers le sommet, facilitant le drainage et la circulation de l’air. Un retournement régulier du tas, toutes les 2 à 3 semaines, est essentiel pour favoriser l'aération et accélérer le processus de décomposition. Pour un tas plus petit, une méthode passive, consistant à ajouter les matières progressivement sans retournement, peut convenir, à condition de contrôler l’humidité et d’assurer un certain degré d’aération grâce à l’utilisation de branches ou de matériaux poreux.
- Avantages du compostage en tas : Simple, peu coûteux, adapté aux grands volumes d'herbe.
- Inconvénients : Nécessite un espace extérieur suffisamment grand, peut être moins esthétique qu'un bac.
Compostage en bac : une option plus pratique
Le compostage en bac offre une solution plus pratique, esthétique et facile à gérer, particulièrement dans les jardins de petite taille ou en milieu urbain. Différents types de bacs existent : en bois (naturel, durable mais plus cher), en plastique (léger, économique mais moins durable), et en métal (robuste, durable mais cher). Le choix dépendra de votre budget, de votre espace disponible et de vos préférences.
Un bac efficace doit être suffisamment aéré. Des ouvertures ou des grilles sur les côtés et le fond du bac permettent une circulation d'air optimale, ce qui est crucial pour éviter le compactage et les odeurs désagréables. Un bac à compost doit également retenir une certaine humidité, sans pour autant être détrempé. Le retournement régulier du compost, à l'aide d'une fourche ou d'une pelle, favorise l'aération et accélère le processus de décomposition. Il est conseillé de surveiller régulièrement le taux d’humidité (environ 50%) et la température (idéalement entre 40 et 60°C).
- Avantages du compostage en bac : Pratique, esthétique, facile à gérer, limite les odeurs.
- Inconvénients : Plus coûteux à l'achat, capacité plus limitée qu'un tas.
Techniques innovantes et alternatives pour un compostage optimisé
Le vermicompostage, utilisant des vers de compost (Eisenia fetida) pour accélérer la décomposition, est une option efficace pour les petits volumes d'herbe. Les vers consomment l'herbe et produisent un compost riche en nutriments, appelé "humus de ver". Cette méthode est particulièrement intéressante pour gérer les quantités modérées de déchets verts en milieu urbain. Néanmoins, elle nécessite l’achat d’un composteur spécifique et une attention particulière à l’entretien du système.
Le compostage accéléré, utilisant des accélérateurs de compostage (appelés "activateurs" ou "démarreurs"), contenant des micro-organismes bénéfiques, permet de réduire significativement le temps de décomposition. Cependant, il est essentiel de choisir des produits de qualité, respectueux de l’environnement et adaptés au compostage de l'herbe. Enfin, le compostage Bokashi, une méthode de fermentation anaérobie, peut être utilisé en complément pour traiter certains déchets verts, notamment l’herbe, mais il ne produit pas à proprement parler un compost mais un pré-compost, appelé Bokashi.
Suivi et gestion du compost : clé de la réussite
Le succès du compostage repose sur un suivi régulier et une gestion appropriée du processus. L’humidité est un facteur crucial. L’idéal est d’obtenir une humidité comparable à celle d’une éponge bien essorée. Trop d’humidité favorise le développement de moisissures et des mauvaises odeurs, alors qu’un compost trop sec se décompose plus lentement. La température du tas ou du bac est un indicateur important de l’activité de décomposition. Une température comprise entre 45 et 60°C pendant plusieurs semaines indique une activité microbienne optimale.
L’aération est essentielle pour une décomposition aérobie efficace. Un compost bien aéré permet une bonne circulation de l’oxygène, favorisant la croissance des micro-organismes bénéfiques. Des odeurs désagréables (ammoniac, pourriture) indiquent un manque d’aération et/ou un excès d’humidité. Le retournement régulier (toutes les 2 à 3 semaines), permet de répartir l’humidité et l’oxygène dans le tas et d’accélérer le processus. Un compost bien géré ne dégage pas d’odeurs fortes, à l’exception d’une légère odeur terreuse.
Le temps de décomposition varie de 6 mois à 1 an selon les conditions (température, humidité, aération, type d'herbe). Le compost est mûr lorsque sa couleur est foncée, sa texture friable, son odeur terreuse et agréable. À ce stade, il est prêt à être utilisé comme amendement organique pour vos plantations.
Utilisation du compost d'herbe : enrichir votre sol naturellement
Le compost d'herbe mûr est un excellent amendement organique, riche en nutriments essentiels pour la croissance des plantes. Il contient notamment de l'azote, du phosphore, du potassium, ainsi que divers oligo-éléments. Son pH est généralement légèrement acide (autour de 6,5) mais peut varier selon les matières composantes. Il améliore la structure du sol, augmentant sa porosité, sa capacité de rétention d'eau et favorisant le développement de la vie microbienne.
Le compost d'herbe peut être utilisé pour fertiliser tous types de plantes: fleurs, légumes, arbres fruitiers, arbustes. Il peut être incorporé directement au sol lors de la plantation, ou utilisé comme paillis. Il est important de ne pas surdoser le compost, surtout pour les plantes jeunes, car un excès d'azote peut avoir un effet néfaste. Une application modérée, entre 5 et 10 litres de compost par mètre carré selon le type de sol et de plante, permet d'enrichir votre sol tout en préservant la croissance de vos végétaux. Un paillage régulier, à raison de 5 à 10 cm d'épaisseur, maintient l'humidité du sol, limitant les besoins en arrosage.
L’utilisation régulière de compost d’herbe contribue à la construction d'un sol vivant et fertile, propice à une croissance saine et abondante de vos plantes. C’est un geste écologique simple et efficace qui permet de valoriser une ressource précieuse, en transformant vos déchets verts en un atout majeur pour votre jardin.
En conclusion, le compostage de l’herbe est une solution simple et efficace pour réduire vos déchets verts et enrichir votre sol. En appliquant les techniques décrites dans ce guide et en assurant un suivi régulier, vous obtiendrez un compost de qualité, bénéfique pour votre jardin et pour l'environnement.